PROMO 2011 ACTE IV: ALES 20/21 AOUT 2011
– C’est où ta prochaine course ?
– A Alès
– T’es en combien là-bas ?
– Ben, à vrai dire… je ne connais pas le circuit.
– Ah !
– Il est facile à mémoriser ?
– Sans problème !
Tu parles !
Mais n’anticipons pas…
Alès, 7ème manche du Championnat, signifie pour moi un retour au Promo après 2 mois d’interruption forcée suite à la cabriole de Magny Cours. Je ne boude donc pas mon plaisir de retrouver la vitesse et les potes qui vont avec.
Arnaud a assuré grave en prenant sur son temps de vacances pour atteindre son but : redonner vie à la moto. Le samedi précédant le départ, c’est chose faite.
Le brêlon a l’air de tourner rond, mais on ne saura ce qu’il a réellement dans le ventre que lors des premiers tours de roues jeudi matin.
Sont de la partie pour cette 2ème étape gardoise: Christine, Julie, Arnaud, David et Philippe. A noter que ce dernier aurait dû participer au week end en tant que pilote Promo Découverte, projetmalheureusement abandonné après une méchante chute à l’entraînement à Magny Cours début juin. C’est d’autant plus regrettable qu’il avait largement sa place dans cette catégorie.
Comme d’habitude, le départ est fixé au mercredi, et c’est en fin d’aprem que nous pénétrons dans l’enceinte du « Pôle Mécanique ».
A notre arrivée, 1ère info : il y a un roulage moto, ce qui n’a rien d’extraordinaire en soi, mais je me rends compte en y regardant de plus près que des pilotes promo y participent.
Damned ! Une belle occasion manquée…
Le circuit ne proposant que peu de box, c’est sur le paddock que nous installons notre campement, formule certes moins confortable qu’une infrastructure en dur, mais très conviviale et tout à fait adaptée à une météo que ne renierait pas un touareg tout droit sorti du Sahara ; on annonce en effet des températures supérieures à 40°C en fin de week end.
La moto sortant de réparation, il n’y a pratiquement rien à faire dessus hormis un changement de braquet. Nous avons donc le temps de flâner et de voir arriver les copains les uns après les autres, le tout dans une atmosphère au parfum de vacances.
Jeudi :
Je ne roule qu’en 2ème partie de matinée, mais ayant une sainte horreur de faire la queue, je suis à pied d’œuvre dès 8h pour acheter les séries du jour. En principe, nous n’avons droit qu’à 2, mais c’est en réalité 4 runs que je vais pouvoir effectuer, ce qui ne sera pas du luxe tant je semble avoir du retard sur mes petits copains.
Je ressens un stress inhabituel à l’approche de l’entrée en piste… Vais-je assimiler rapidement ce tracé ? Comment la moto va-t-elle se comporter ?
Et déjà cette chaleur qui impose une chasse continuelle au moindre « point d’eau »…
Les premiers hectomètres ne laissent planer aucun doute : la moto ne fonctionne pas!!! Jusqu’à 8000 trs/mn, ça va à peu près mais au-delà…rien…il ne se passe rien, la moto ne prend pas les tours…
Je m’arrête dans la pit lane, je gesticule, Arnaud accourt et me dit qu’en l’état il n’y a rien à faire, d’autant que j’enchaîne deux runs d’affilée. Le mieux à faire est de rouler, de prendre des repères et il sera temps ensuite de tenter d’identifier puis de résoudre le problème.
Je repars donc en essayant d’appliquer cette stratégie et je constate à quel point les commentaires que j’ai entendus précédemment se confirment : la piste est en très mauvais état et carrément défoncée par endroits avec de véritables nids de poule grossièrement comblés avec une espèce de ciment sur lequel il est recommandé de ne pas rouler !
En fin de matinée, j’ai enfin fini de traîner ma misère et nous nous affairons désormais à comprendre ce qui se passe sur la moto.
Chacun y va de son hypothèse : mise à l’air du réservoir ? pompe à essence ? boîtier ? soupape ?
En fait, c’est Steph #34, qui va sentir le bug auquel nous n’avons pas pensé, et pour cause : la moto est en 100 chevaux !
Explication : après la chute, la batterie est restée longtemps débranchée et il a donc fallu réinitialiser la moto. En clair, la débrider de nouveau, la manip se faisant au tableau de bord.
Du coup, l’après midi, je n’ai plus la même moto… mais plus aucun repère non plus ! Arrivant beaucoup plus vite partout, je dois entièrement revoir ma copie, alors qu’une chaleur étouffante s’abat sur le circuit.
Chacun fait ce qu’il peut pour la supporter au mieux.
Le souci, c’est que dans cette fournaise, j’enchaîne une fois de plus 2 runs…c’est un de trop !
A l’issue de cette première journée de roulage, nous nous rendons compte que ce système ne sert à rien et il est décidé de ne pas le renouveler le lendemain.
En tout cas, je me rends compte de mon erreur du jour précédent: en effet, j’ai stupidement pensé qu’Alès était un circuit marginal et peu fréquenté par les compétiteurs…
Touchante naïveté !
C’est presque l’inverse. A l’instar des circuits situés dans le sud de la France, il est le siège d’une grande activité pendant la majeure partie de l’année, et mes gentils collègues ne se sont pas privés de venir y faire des ronds.
Et en piste, ça se voit, j’ai pas mal de retard sur une grande partie du plateau et j’éprouve les pires difficultés à suivre le rythme de pilotes que je devance habituellement.
Le bilan de cette première journée est néanmoins positif car la moto est désormais OK, tant au niveau du moteur que du comportement chassis.
En prévision de la journée du lendemain qui devra impérativement voir les chronos descendre, nous nous accordons une soirée détente des plus agréables, durant laquelle se désaltérer fut l’objectif principal en raison d’une chaleur persistante…pour certains, l’objectif est incontestablement atteint!
Vendredi :
Comme évoqué précédemment, seuls deux runs sont au programme aujourd’hui avec comme objectif la validation des réglages et des repères. Les chronos descendent à raison d’une seconde par sortie. C’est pas mal, mais mes rivaux font de même, si bien que je n’ai guère le sentiment de progresser dans la hiérarchie.
Alès est un circuit sympa car on passe beaucoup de temps sur l’angle mais je trouve qu’il est difficile d’y rouler vite. Néanmoins la moto est homogène et équilibrée et semble préserver les pneus qui sont au centre de nos préoccupations dans des conditions de températures un peu extrêmes.
Les contrôles techniques et administratifs se passent sans encombre malgré la moue parfois perplexe des commissaires devant la « déco » post gamelle de la moto.
Et selon une tradition bien établie depuis 48h, nous « soignons » notre soirée bien aidés en cela par la venue de la David’s Family.
Quand à Arnaud, il continue à alimenter la longue saga de ses matelas…
Samedi :
C’est la grosse journée. Malgré les sourires, la pression est là… dernières vérifs.
10h : C’est parti pour 20 minutes de qualif. Le 1er quart d’heure se passe comme à l’accoutumée, c’est-à-dire en enchainant les tours pour descendre les chronos. Mais un peu « plombé » par la chaleur déjà pesante, je décide de faire un passage par la pit lane pour me désaltérer. Quand je referme ma visière, il reste 3 minutes de séance. En temps normal, je ne serais pas reparti, mais là, je me sens de tenter un dernier run. Bien m’en a pris car c’est dans cette ultime tentative que je fais mon chrono, certes moyen (1’22) mais qui confirme le théorème selon lequel je gagne une seconde à chaque sortie. Pas de quoi pavoiser pour autant, je suis en fond de grille.
Place à la demi finale de l’après midi. Elle ne va pas rester dans les annales d’un point de vue strictement chronométrique. En revanche, à peine sorti de piste, je me fais alpaguer par un commissaire d’une manière que n’aurait pas reniée l’inspecteur Harry. Qu’ai-je dont fait qui justifie autant d’agitation chez cet homme dont l’existence, à ce moment précis, semble suspendue à mon « interpellation »?
Apparemment je n’ai pas vu un drapeau noir qui m’était destiné et j’aurai à en répondre devant le jury. Espérons que ses membres sont hostiles à la peine de mort !
Verdict : reconnu coupable des faits qui me sont reprochés et ne bénéficiant pas de circonstances atténuantes, je suis condamné à partir en dernière position de la repêche de dimanche matin.
Je ne vais pas ici développer un argumentaire anti commissaire qui serait hors de propos. Dans ce genre de circonstances, je déplore simplement le fait de ne pas être réellement entendu, ni de pouvoir faire valoir mes arguments quels qu’ils soient. Il est clair qu’en me présentant devant le jury, mon sort était déjà scellé.
Je suis plus désabusé qu’en colère et cet incident n’entame en rien la bonne humeur qui règne sur notre campement.
Après une visite du côté de la structure UP RACING pour en savoir plus sur le contenu du challenge TEAM GREEN 2012, nous amorçons une soirée qui, commencée à la lumière du soleil couchant, se termine la tête dans les étoiles !
A noter également dans l’agenda de cette journée la très agréable visite d’Alain Bronec, ami de Philippe de longue date, et patron du CIP engagé en Moto 2 qui fait rouler un certain Kenan Sofuoglu ainsi que le suisse Dominique Aegerter. C’est ce même team qui, en 2010, comptait dans ses rangs l’infortuné Shoya Tomizawa qui devait trouver la mort en course. Une journée du souvenir lui sera d’ailleurs consacrée à Alès au mois de septembre.
Dimanche :
Apriori, la tâche est rude : je pars dernier et étant un piètre démarreur, je m’attends à une course difficile. Pourtant la veille, avec Philippe, nous avons convenu d’une stratégie laissant objectivement penser que la qualif en finale A est jouable.
Sur la grille, alors que nous nous immobilisons les uns après les autres pour entamer la procédure de départ, mon moteur cale ! Impossible de le relancer ! Je lève immédiatement le bras pour signaler le problème, alors que ma main droite s’acharne sur le bouton du démarreur. La moto tousse, hésite, puis démarre enfin !
Rouge… Vert !
Mon départ est correct, et après un premier tour plutôt incisif, je me trouve rapidement en situation de me qualifier. Parfaitement panneauté, je ne m’enflamme pas et gère ma course le plus calmement possible pour finalement obtenir cette qualif qui m’échappait depuis trop longtemps.
Le seul incident notable intervient lors de mon retour au stand lorsque, pour une cause inexpliquée une partie de ma bulle casse. Arnaud est rapidement à pied d’œuvre pour la réparer.
La grande finale est prévue en milieu d’après midi, alors que le thermomètre dépasse les 40°C.
J’en profite pour observer les pneus de mes concurrents qui ont opté pour du « M » à l’arrière, c’est-à-dire une gomme médium. Beaucoup ont souffert de la chaleur et présentent des signes évidents de fatigue. Personnellement, j’ai fait un choix conservateur en optant pour un « E », c’est-à-dire typé endurance.
Pour cette course, je n’ai aucune pression, le but étant de prendre un maximum de plaisir. Nous ne négligeons néanmoins aucun détail.
Chacun à son poste.
Comme souvent dans le sud, le public est venu nombreux…
… et ne se soucie guère de la présence d’ une falaise pour bénéficier d’un bon point de vue.
A noter que le muret de la ligne droite des stands du circuit d’Alès n’est pas équipé de vitres en plexiglas, et juste avant le départ tout le monde est prié de s’éloigner, le temps que la meute s’élance.
Et c’est parti ! En dépit de la chaleur, cette course va être plutôt limpide. Une fois de plus, je prends un départ satisfaisant (décidément, un mythe est entrain de s’effondrer !) et j’essaie de profiter de l’empilement des premiers virages pour grappiller des places. C’est chose faite et j’ai désormais dans le collimateur le groupe qui me précède. Après un petit round d’observation, je passe à l’offensive et gagne quelques places puis les positions se stabilisent. Il est vrai que sur cette piste surchauffée, les phases d’accèl et de freinage sont de plus en plus aléatoires et je rends la main en fin de course ayant plus à perdre qu’à gagner.
Verdict : 32ème sur 42 motos au départ, en partant en fond de grille.
Pas de quoi sauter au plafond, mais après analyse, il est clair qu’il est possible d’accrocher un bon wagon dans le but de lorgner du côté du top 20. Cela passe nécessairement par une parfaite gestion de la journée du samedi avec les 2 temps forts que constituent les qualifs et la demi finale au cours desquelles la grande finale du dimanche se joue en partie.
Tentative de passage de la théorie à la pratique à Lédenon les 10 et 11 septembre.
Je tiens à souligner l’aide précieuse que les membres du team m’ont apportée tout au long du weekend. Je me suis senti très soutenu, ce qui a contribué à renverser une situation plutôt compliquée après la sanction dont j’ai fait l’objet. Si j’avais été seul, le weekend aurait peut-être connu une issue moins favorable.
Mais il était dit que nous devions vivre encore une péripétie. En effet, sur le chemin du retour, l’un des pneus de la remorque a déchappé, nous obligeant à ressortir le jouet préféré d’Arnaud : la caisse à outils !
Notez le physique hors norme de ce jeune homme, capable de visser une roue tout en effectuant des pompes (sans jeu de mots) d’une seule main.
Cet ultime fait d’arme marque définitivement la fin de ce weekend de course.
Rendez-vous est donc pris dans 3 semaines, toujours dans le Gard.